Ce qu’il faut retenir : Les parasitoïdes exotiques sont une solution ayant un fort potentiel dans la lutte contre D. suzukii mais leur efficacité doit d’abord être testée en laboratoire, et les risques de leur introduction évalués.
Principe de la méthode
Les parasitoïdes sont des organismes dont la larve se nourrit sur ou dans un hôte, entrainant la mort de ce dernier. Les parasitoïdes sont largement utilisées en lutte biologique. Selon les besoins, le parasitoïde peut être lâché à petite dose en prévention, avant l’apparition du ravageur (lutte biologique par augmentation). Il peut également être lâché à forte dose dès l’apparition du ravageur (lutte biologique par inondation).
Drosophila suzukii est un ravageur invasif exotique provenant d’Asie du Sud-Est et arrivé en Europe et en France à la fin des années 2000. Devant le manque d’efficacité et/ou de spécificité des parasitoïdes européens à contrôler ce ravageur (Chabert et al. 2012), des prospections ont été réalisées dans l’aire native de D. suzukii pour rechercher des parasitoïdes spécifiques de cette mouche, en vue de les acclimater en France afin qu’ils contrôlent de manière durable les populations de ce ravageur. C’est ce qu’on appelle la lutte biologique par acclimatation (Borowiec & Sforza, 2020).
Etat actuel des connaissances
Les parasitoïdes exotiques seraient plus efficaces pour lutter contre D. suzukii car ils ont longuement coévolué avec le ravageur, et sont donc capables de contourner ses défenses immunitaires (Chabert at al. 2012 ; Poyet et al. 2013). Le projet FP7 DROPSA (2014-2018) a permis de ramener dans le laboratoire de quarantaine d’INRAE PACA (Sophia Antipolis) plusieurs espèces de parasitoïdes exotiques (genres Asobara, Ganaspis et Leptopilina). Parmi les espèces évaluées en laboratoire de quarantaine au cours du projet DS2, Ganaspis cf. brasiliensis s’avère le plus spécifique de D. suzukii (Borowiec et al. 2021a ; Girod et al. 2018 ; Seehausen et al. 2020).
Ganaspis cf. brasiliensis est un endoparasitoïde solitaire larvaire appartenant à la famille des Figitidae. Son cycle de vie dure 33 à 35 jours à 21°C (Wang et al. 2018). L’adulte parasite les premiers stades larvaires de D. suzukii. La larve se développe à l’intérieur de l’hôte qui poursuit son cycle de développement jusqu’au stade pupe. Le parasitoïde émerge alors de la pupe de D. suzukii ce qui provoque sa mort.
Le projet DS2
Des essais sur ce parasitoïde exotique sont réalisés dans le cadre du projet DS2 et font l’objet de l’action 1 : développer une méthode de lutte biologique par acclimatation. Les partenaires en charge de ces essais sont : INRAE, le CTIFL et la Chambre d’Agriculture 06.
Suite à des tests en laboratoire, sur différentes souches de G. cf. brasiliensis, deux en particulier ont été retenues par INRAE : les souches GS6 et GT. Les résultats obtenus montrent une forte spécificité, une capacité d’acclimatation et un taux de parasitisme équivalent pour les deux souches étudiées. Les essais ont été conduits au laboratoire (Borowiec et al. 2021b) et en serre confinée sur des cultures de fraisiers infestées par D. suzukii (Gard et al. 2021).
Avec les résultats obtenus, une demande d’introduction dans l’environnement a été soumise par INRAE auprès de l’Anses (Borowiec et al. 2021b). Cette demande a reçu un avis favorable de l’Anses et du Ministère de l’Agriculture, et l’Arrêté autorisant les introductions est en cours de signature. Une fois obtenues les autorisations officielles, des lâchers en plein champ pourront être réalisés en PACA (sous-action 1.3 du projet DS2), territoire dans lequel des suivis particuliers ont déjà été réalisés. Pour permettre une évaluation précise de cet auxiliaire au champ, deux projets ont été déposés en 2021 et2022(SUZoCARPO, AAP Ecophyto II+ ; STRATOS, AAP Ecophyto Combinaison).
Pour en savoir plus
Vidéo Agroscope sur développement et parasitoïdes
Site internet du projet DROPSA : https://cordis.europa.eu/project/id/613678
Bibliographie
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Borowiec N., Gatti J.L. and Ris N. (2021b). Document technique relatif à l’introduction dans l’environnement de l’hyménoptère parasitoïde exotique, Ganaspis cf. brasiliensis G1. INRAE, 33pp.
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