Ce qu’il faut retenir : Les parasitoïdes indigènes ne sont pas suffisamment spécifiques de D. suzukii et ne présentent donc pas une efficacité satisfaisante.
Principe de la méthode
Les parasitoïdes sont des organismes dont la larve se nourrit sur (ectoparasitoïde) ou dans (endoparasitoïde) un hôte, entrainant la mort de ce dernier. Les parasitoïdes sont largement utilisés en lutte biologique.
Selon les besoins, le parasitoïde peut être lâché à petite dose en prévention, avant l’apparition du ravageur (lutte par augmentation). Il peut également être lâché à forte dose dès l’apparition du ravageur (lutte par inondation). Dans le cas de l’utilisation de parasitoïdes exotiques, on parle de lutte biologique par acclimatation (Voir la fiche « parasitoides exotiques »).
Les parasitoïdes indigènes sont des auxiliaires naturellement présents dans l’environnement où se trouve le ravageur.
Dans le cas de Drosophila suzukii qui est un ravageur exotique, donc introduit depuis une autre aire géographique, les parasitoïdes indigènes, présents dans l’aire d’introduction, ne sont pas adaptés à ce ravageur ce qui peut limiter leur capacité à parasiter ce dernier (Chabert et al. 2012).
Etat actuel des connaissances
Certains parasitoïdes parasitent la pupe de D. suzukii, tandis que certains parasitent la larve.
Au Japon, il existe de nombreux parasitoïdes qui s’attaquent au ravageur.
En Europe, environ 50 espèces de parasitoïdes sont capables de se développer sur les individus du genre Drosophila, les principaux étant les parasitoïdes de pupe Pachycrepoideus vindemmiae et Trichopria drosophilae, et les parasitoïdes larvaires Asobara tabida, Leptopilina boulardi et L. heterotoma (Fleury et al. 2009).
Cependant, parmi ces parasitoïdes indigènes, les parasitoïdes larvaires sont confrontés à une forte réponse immunitaire de la part de D. suzukii capable de bloquer le développement de leurs œufs (Chabert et al. 2012), et seules deux espèces ont été identifiées comme capable de parasiter et se développer (avec émergence d’un adulte) sur D. suzukii. Il s’agit de deux parasitoïdes de pupes généralistes Pachycrepoideus vindemmiae et Trichopria cf drosophilae.
Le parasitoïde T. drosophilae a été évalué comme potentiel agent de lutte biologique contre D. suzukii. Plusieurs études récentes ont montré sa capacité à parasiter D. suzukii avec succès.
Le taux de parasitisme évalué en laboratoire est variable selon les souches testées et les expérimentations et varie de 40 à 80%. Des essais en conditions contrôlés (CTIFL, 2014) ont conduit à une réduction du taux de fruits attaqués suite à l’introduction du parasitoïde en serre.
D’autres essais n’ont pas montré d’efficacité et le parasitoïde n’a pas été retrouvé. En vergers, les résultats n’ont pas suivi les espérances, avec un taux de parasitisme n’excédant pas les 5%, dû probablement à la polyphagie de ce parasitoïde qui est capable de rechercher et de se développer sur d’autres drosophiles indigènes.
De plus, le cycle de développement de D. suzukii est très rapide ce qui rend son contrôle difficile par la lutte biologique avec des parasitoïdes non spécifique.
Enfin, T. drosophilae parasite les pupes alors que ce sont les larves qui sont responsables de dégâts. Les fruits sont déjà abîmés lorsqu’il exerce son action.
Le parasitoïde T. drosophilae contribue à limiter les populations de D. suzukii au sein de la culture de fraise.
Cependant, il est indispensable d’associer cette méthode de lutte biologique à d’autres leviers de protection dans une stratégie de protection globale. T. drosophilae est aujourd’hui commercialisé et disponible à la vente en France pour les agriculteurs.
Pour en savoir plus
Insertion vidéo : Vidéo Agroscope sur développement et parasitoïdes
Bibliographie
Asplen MK, Anfora G, Biondi A, Choi D-S, Chu D, Daane KM, Gibert P, Gutierrez AP, Hoelmer KA, Hutchison WD, et al (2015) Invasion biology of spotted wing Drosophila (Drosophila suzukii): a global perspective and future priorities. Journal of Pest Science 88: 469–494
Chabert, S., Allemand, R., Poyet, M., Eslin, P., & Gibert, P. (2012). Ability of European parasitoids (Hymenoptera) to control a new invasive Asiatic pest, Drosophila suzukii. Biological control, 63(1), 40-47.
Fleury F., Gibert P., Ris N. and Allemand R. (2009). Ecology and life history evolution of frugivorous Drosophila parasitoids. In: G. Prevost (Ed.), Advances in parasitology: parasitoids of Drosophila. Vol. 70, 3-44.
Infos Ctifl n°310 : Le ravageur émergent Drosophila suzukii : Bilan de deux années d’études dans le cadre du projet CASDAR
Hors-série – Infos Ctifl n°2 : Drosophila suzukii connaissance du ravageur, moyens de protection – Bilan du projet CASDAR 2013 – 2016